C’est quoi le ROAS en analytics et comment l’interpréter

C'est quoi le ROAS en analytics et comment l'interpréter

Comprendre le ROAS : un indicateur clé de la performance marketing

Quand on parle performance en marketing digital, il y a un acronyme qui revient (très) souvent : le ROAS. Pourtant, derrière sa popularité presque automatique, ce KPI reste flou pour beaucoup de professionnels, y compris chez ceux qui gèrent régulièrement des campagnes publicitaires en ligne.

ROAS signifie « Return On Ad Spend » – soit, littéralement, le retour sur les dépenses publicitaires. Et s’il est si essentiel, c’est parce qu’il permet de répondre à une question simple mais cruciale pour toute entreprise : “Est-ce que chaque euro investi en publicité m’en rapporte plus… ou me coûte ?”

Voyons ensemble ce qu’est vraiment le ROAS, comment le calculer, mais surtout comment l’interpréter intelligemment dans vos dashboards analytics.

Le ROAS, c’est quoi exactement ?

Le ROAS est une métrique qui mesure l’efficacité d’une campagne publicitaire en ligne. Il permet d’évaluer combien de chiffre d’affaires est généré pour chaque euro (ou dollar) dépensé.

La formule est très simple :

ROAS = Revenu généré par les publicités / Dépenses publicitaires

Par exemple, si vous dépensez 1 000 € sur une campagne Google Ads et que celle-ci génère 5 000 € de ventes, votre ROAS est de 5.

Et donc ? Pour chaque euro investi, vous en récupérez 5. Facile.

ROAS vs ROI : attention à ne pas tout mélanger

Très souvent, ROAS et ROI (Return On Investment) sont confondus. Pourtant, leur portée est différente.

  • Le ROAS se concentre uniquement sur le rapport entre revenus générés et dépenses publicitaires. Il ne prend pas en compte les coûts de production, de logistique, ou le coût des outils SaaS utilisés.
  • Le ROI, lui, évalue la rentabilité globale en intégrant TOUTES les dépenses liées à une action (marketing ou autre).

Autrement dit ? Un ROAS élevé ne garantit pas forcément un ROI positif. Si votre campagne rapporte 4x votre budget pub mais qu’elle vous coûte 3,9x en logistique et commissions, vous êtes à peine rentable.

D’où l’intérêt d’analyser le ROAS comme un indicateur pur de performance publicitaire, mais pas comme un verdict final de la rentabilité marketing.

Quel est un « bon » ROAS ?

La réponse courte ? Ça dépend.

La réponse moins frustrante ? Un bon ROAS varie en fonction des secteurs, des marges produits, des canaux utilisés et des objectifs business. Voici quelques repères généraux :

  • e-commerce avec des marges faibles : vise un ROAS > 4
  • produits à forte marge (formation en ligne, logiciels SaaS) : ROAS > 2 peut suffire
  • campagnes de notoriété : le ROAS n’est pas toujours le bon KPI à suivre

Gardez aussi en tête que dans des stratégies d’acquisition agressives, un ROAS temporairement bas peut être accepté si la LTV (Lifetime Value) du client est élevée. Exemple typique : un logiciel SaaS qui investit à perte sur l’acquisition pour rentabiliser sur la durée avec l’abonnement mensuel.

Comment interpréter le ROAS : lecture intelligente des données

Un ROAS brut ne suffit jamais. Il faut toujours le croiser avec d’autres indicateurs pour en tirer des décisions éclairées :

  • Analyse par canal : les performances Facebook Ads ne seront pas les mêmes que celles sur Google Ads ou LinkedIn Ads.
  • Analyse par campagne ou groupe d’annonces : identifiez ce qui fonctionne vraiment et ce qui grève votre ROAS global.
  • Temps d’attribution : certaines conversions prennent plus de temps. Ne jugez pas une campagne sur 2 jours, attendez au moins le cycle moyen d’achat.

Un exemple concret : un client dans le prêt-à-porter online dépensait massivement en retargeting sur Meta. ROAS affiché de 12. Très rentable, a priori. Mais après analyse, 80 % des ventes venaient de clients déjà acquis (et donc, pas vraiment « générées » par la pub).

En recalculant le ROAS en excluant les clients existants => chute à 3,6. La campagne restait rentable, mais beaucoup moins impressionnante. Et surtout, cela incitait à réallouer une partie du budget sur de l’acquisition pure.

Les 3 pièges classiques à éviter avec le ROAS

Comme tout KPI, le ROAS peut être manipulé ou mal interprété. Voici trois erreurs que je croise trop souvent :

  • Se focaliser uniquement sur le ROAS global : cela masque les disparités entre campagnes et dilue la précision de votre analyse.
  • Ignorer la valeur client à long terme : penser court terme peut vous faire passer à côté d’investissements très rentables à horizon 6-12 mois.
  • Utiliser le ROAS seul pour arbitrer les décisions budgétaires : croisez-le avec le coût d’acquisition (CPA), le panier moyen, la LTV et le taux de retour client.

Le pire scénario, c’est de couper une campagne avec ROAS faible sans explorer ses effets back-end (abonnements, upsells, récurrence). Décision court-termiste qui coûte cher sur la durée.

ROAS & attribution : le nerf de la guerre

Avec la disparition progressive des cookies tiers et l’évolution des comportements utilisateurs, attribuer les conversions devient plus complexe. Et donc, le calcul du ROAS peut être largement biaisé si vous n’avez pas un modèle d’attribution solide.

Les plateformes comme Facebook ou Google ont naturellement tendance à s’auto-attribuer les conversions. Le ROAS affiché dans leur interface peut donc être surévalué de 20 à 50 % (voire plus).

La solution ?

  • Utiliser un outil d’attribution multi-touch (type Triple Whale, Segment, ou Google Analytics 4 bien paramétré)
  • Comparer les données entre les plateformes et votre source de vérité (ex : chiffre d’affaires réel dans votre CRM ou back-office e-commerce)

Mais surtout : soyez cohérent dans la manière dont vous calculez votre ROAS. Ne mélangez pas les brosses à dents et les vélos. Si vous utilisez GA4 avec un modèle basé sur les données (data-driven), utilisez-le sur tout votre reporting. Le danger, c’est de combiner des analyses issues de modèles d’attribution différents.

Optimiser votre ROAS : méthodes actionnables

Voici quelques leviers concrets pour améliorer rapidement votre ROAS :

  • Optimisez vos landing pages : souvent, c’est là que vous perdez le plus de conversions. Pensez A/B Testing, temps de chargement et clarté de l’offre.
  • Segmentez vos audiences : ne diffusez pas les mêmes créas à des visiteurs froids et à des prospects chauds. Personnaliser = mieux convertir.
  • Affinez vos annonces : une annonce qui clique bien, c’est bien. Une annonce qui vend, c’est mieux. Testez accroches, visuels, call-to-action.
  • Ajoutez des offres ou incentives : remise temporaire, livraison gratuite, bonus exclusif… Le bon levier peut doubler votre taux de conversion.
  • Réallouez votre budget en temps réel : stoppez les campagnes sous-performantes, scalez celles avec ROAS > cible, mais sans se reposer sur les lauriers.

Toujours garder à l’esprit que le ROAS est dynamique. Une audience devient vite saturée. Des concurrents entrent (ou sortent) du marché. Les comportements clients évoluent. Vous devez suivre et itérer en permanence.

ROAS et stratégie long terme : un indicateur, pas une obsession

Le ROAS est un excellent point de départ. Il vous aide à piloter vos campagnes de manière rentable. Mais il ne doit pas devenir une vision tunnel.

Trop d’e-commerçants ou de marketers se fixent un ROAS cible arbitraire (genre : « je veux minimum ROAS 5 ») puis coupent tout ce qui est en dessous, sans regarder au-delà. C’est le moyen le plus rapide de gripper les moteurs d’acquisition.

Un bon usage du ROAS, c’est :

  • De comprendre CE qu’il mesure… et ce qu’il ne mesure pas
  • De l’intégrer dans une logique plus large : rentabilité client, cycle de vie, marges nettes
  • De l’ajuster selon vos objectifs du moment : acquisition, fidélisation, croissance rapide ou rentabilité court terme

Dernier conseil ? Ne déléguez jamais complètement l’analyse de vos performances à des outils ou à une agence. Même si vous êtes CEO ou non-marketer, comprendre la logique du ROAS vous donne un avantage stratégique incontestable.

Parce qu’au fond, chaque euro mal alloué est une faiblesse de croissance. Et chaque euro investi intelligemment ? C’est un pas de plus vers un business plus solide, plus scalable, et surtout, plus rentable.